« Nos compétences professionnelles ne sont pas reconnues »

de: Virginie Oliboni, secrétaire syndicale

Jura bernois : Maison de l'enfance en grève le 14 juin

La maison de l’enfance Les Ecureuils située à Corgémont, dans le Jura bernois, sera fermée pour cause de grève le 14 juin prochain. Questions à Anne Perrin, directrice des Ecureuils et éducatrice de l’enfance ES et Joëlle Grünig, éducatrice ES.

Comment la décision de fermer la crèche est-elle née ?

Anne Perrin, Joëlle Grunig – Au cours de nos discussions, nous nous sommes aperçues que toute l’équipe éducative souhaitait participer à cette grève et y trouvait du sens. Nous sommes donc rapidement arrivées à la conclusion, unanime, qu’il fallait fermer la crèche le 14 juin.

Après avoir pris cette décision au sein de l’équipe éducative, quelles démarches avez-vous entreprises ?

Tout d’abord, nous avons informé le comité de l’association de la Maison de l’enfance Les Ecureuils lors d’une séance, le 4 avril dernier.

Comment ont réagi les autorités communales ?

Nous ne sommes pas une institution communale mais une association subventionnée par le canton de Berne et la commune, via la compensation des charges. La commune a été informée par le biais du conseiller municipal responsable du dicastère de la santé publique et prévoyance sociale, qui participe au travers de son mandat à nos comités, avec voix consultative.

Avez-vous pris contact avec les parents des enfants accueillis au sein de la Maison de l’enfance ?

Bien sûr, nous les avons avertis par courrier en avril, puis et via un communiqué adressé à la presse, le mois suivant.

Quelles ont été les réactions ?

La majorité des parents n’a pas réagi directement. Certains parents nous ont dit qu’ils seraient dérangés pour l’organisation de la garde de leurs enfants ce jour-là. D’autres nous ont exprimé leur soutien.

Quelles sont vos revendications ?

Nous voulons une valorisation de notre profession, trop souvent assimilée à des activités d’éducation assignées aux femmes et dévalorisée sur les plans social et économique. Nous voulons aussi venir à bout du parallélisme qui est tiré entre le travail de prise en charge des enfants et le travail domestique. Faire évoluer les mentalités selon lesquelles les métiers de la petite enfance mobilisent des qualités féminines et maternelles, qui seraient « naturelles ». Ces stéréotypes de genre ont pour conséquence de reléguer nos compétences professionnelles au second plan, car elles sont considérées comme « innées ». Nous revendiquons également de meilleures conditions salariales. Et nous voulons une égalité de traitement en ce qui concerne le travail partiel: aujourd’hui, c’est toujours la femme qui baisse son taux d’activité à l’arrivée des enfants.

Que est le message que vous aimeriez faire passer ?

Les éducatrices ont pour mission, entre autres, de développer une action professionnelle égalitaire et non discriminante entre les filles et les garçons. Elles sont formées à cela, car gommer les stéréotypes de genre est souvent contre-intuitif. Ces stéréotypes sont présents dès la petite enfance, mais ils ne sont pas encore figés dans la représentation des enfants.

Notre métier nous tient à cœur. Parce que nous sommes engagées auprès des enfants et de leurs familles, nous voulons l’égalité et la fin des discriminations de genre. C’est pour cela que nous ferons grève le 14 juin !