En référence au Canard Enchaîné, le «mur du çon» a été franchi par le gouvernement jurassien. Selon un rapport de l’exécutif, il serait «inadéquat» de donner une prime aux soignant-e-s...Le personnel de santé appréciera. Mais qu’ils se consolent: «ces professionnels méritent (leur) reconnaissance» – et ça, ça n’a pas de prix.
Les arguments officiels sont implacables: aucune harmonisation de ces primes au niveau romand, difficulté à déterminer qui y aurait droit, et dans quelles institutions... L’argument massue? Le souci d’équité. Le rapport pose dailleurs la question: «Pourquoi seul le personnel de la santé mériterait une telle prime»? Revoilà «l’égalité du sacrifice», chère à notre gouvernement: afin que personne ne soit lésé, personne n’aura rien.
Au vu de la pénibilité du travail et de la pénurie de personnel, on est en droit de penser que d’autres professions ne se seraient pas insurgées si une prime avait été octroyée au personnel de santé. C’est un principe de solidarité, qui consiste à accepter que l’on donne une compensation à celles et ceux qui ont été le plus impactés.
Le rapport aurait pu être plus succinct: «Les finances cantonales ne nous permettent pas d’entrer en matière, veuillez régler cette problématique avec vos employeurs». Quand, à l’issue d’une période Covid extrêmement éprouvante pour le personnel de santé, le politique affirme que «l’argent n’est pas la seule preuve de gratitude possible», on est en droit de se demander ce qui est inadéquat!
Nous appelons donc le personnel de santé et celles et ceux qui les soutiennent à manifester à Berne le 30 octobre pour défendre leurs conditions de travail. Et, en parallèle, à voter oui à l’initiative pour des soins infirmiers forts le 28 novembre.
Car visiblement, nos élites n’ont pas encore pris conscience qu’il est urgent de reconnaître le travail du personnel hospitalier. Nous sommes toutes et tous concernés: chacun-e peut, demain, devenir un-e patient-e !